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Les sorties cinéma : « Le Roman de Jim », « Alien : Romulus », « Golo et Ritchie », « City of Darkness », « La Mélancolie »

LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine est marquée par la sortie sur les écrans du film peut-être le plus bouleversant des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu. On pourra aussi suivre un nouvel épisode du huis clos horrifique de la saga Alien, le voyage complice de deux amis de Marseille à Grigny, pénétrer en pleine guerre des gangs dans le dédale urbain de Kowloon, à Hongkong, et contempler la peine d’une femme après la mort de son amant.
Chef-d’œuvre
Oser le mélodrame, oser l’émotion, au cinéma, cela ne signifie pas forcément sortir les grandes orgues, donner dans le flamboyant ou le grand style. Il existe parfois, au contraire, une forme de ténuité, de retenue, d’euphémisme qui en arrive au même résultat : faire monter les larmes aux yeux. C’est ce que prouvent les frères Larrieu avec Le Roman de Jim, d’après le livre de Pierric Bailly (P.O.L, 2021), leur film le plus sec et peut-être le plus bouleversant.
Soit l’histoire d’Aymeric (Karim Leklou), natif de Saint-Claude, dans le Haut-Jura, depuis la fin des années 1990 jusqu’à aujourd’hui, sur un arc couvrant presque trente ans entre une jeunesse erratique et l’âge de maturité. Bonne pâte notoire, homme ordinaire mais non sans qualités, Aymeric se laisse volontiers porter par le courant, et même embarquer dans un cambriolage de jeunesse qui lui vaut de passer par la case prison. A sa sortie, le hasard veut qu’il tombe sur Florence (Laetitia Dosch), ancienne collègue un peu allumée, enceinte de six mois, avec laquelle il noue une histoire d’amour qui le remet en selle.
Elle, infirmière à Oyonnax (Ain), lui, travailleur intérimaire, s’installent à la campagne, où Aymeric accueille l’enfant d’un autre exactement comme s’il était le sien. Les années filent et, avec ce bout de chou nommé Jim (Eol Personne puis Andranic Manet), le papa de substitution développe une relation fusionnelle, privilégiée. Jusqu’au jour où le père biologique, Christophe (Bertrand Belin), refait surface et reprend peu à peu, presque insensiblement, sa place auprès de Florence. Par effet de cliquet, Aymeric se voit tout aussi progressivement évincé du tableau familial.
Les Larrieu, qui pratiquent un cinéma intégralement décentralisé, dressent ici un nouveau tableau de province dépourvu du moindre folklore, axé sur les gens modestes qui bricolent avec leur vie, cherchant en chacun, comme en chaque lieu, la singularité de l’ordinaire. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu un tel amour des personnages dans le cinéma français. Ma. Mt
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